
Kinshasa, mai 2025 – Dans un contexte marqué par des limites budgétaires et des besoins pressants en infrastructures, le ministre des Sports et Loisirs, Didier Budimbu, a présenté un « partenariat stratégique » de trois ans entre la RDC et l’AS Monaco. Coût annoncé : 1,6 million USD par saison, avec 200 000 € supplémentaires pour couvrir les frais logistiques lorsque Monaco se déplacera en RDC

Les objectifs officiels
Développement et transfert de compétences
- Selon le ministère, l’accord sert avant tout à bâtir des académies sur place, former les jeunes et professionnaliser les encadreurs
- Le ministre insiste : la visibilité serait un « bonus », l’essentiel étant la formation
Rayonnement international et image de marque
- Le drapeau ou logo “RDC” figurerait sur les maillots, supports de communication et plateformes du club
- Objectifs affichés : attirer investisseurs, promouvoir le tourisme et améliorer la perception du pays
Modèle inspiré du Rwanda
Une stratégie de “sport diplomacy” proche de “Visit Rwanda”, avec un usage similaire du sponsoring sportif
Une controverse sociopolitique
Critiques sur la priorité budgétaire
Dans un pays où les stades sont délabrés, l’opposition dénonce « une escroquerie » et l’illusion d’un luxe mondialisé alors que vitamines et latrines sont absentes dans les enceintes
Contexte dramatique du sport national
De nombreux commentateurs pointent la rupture entre la com’ glamour et la réalité : pelouses inondées, latrines bouchées, sécurité déficiente pour les supporters
Inquiétude institutionnelle
Des voix demandent que l’argent serve d’abord à la relance de la Linafoot, à la rénovation des infrastructures locales, ou à l’accompagnement des clubs de base
Une conclusion sans équivoque : un contrat de prestige, mais pas de priorité
L’accord entre la RDC et l’AS Monaco, derrière son vernis diplomatique et sportif, illustre un profond décalage entre les priorités de l’État et les besoins criants du peuple congolais. Dans un pays où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté, où les hôpitaux manquent de médicaments, les écoles de bancs et les clubs de foot de ballons, il est injustifiable de dépenser plus de 5 millions de dollars pour une visibilité sur un maillot étranger.
Plutôt que d’investir dans des partenariats tape-à-l’œil, le gouvernement aurait dû orienter ces ressources vers le développement réel du sport local, la formation d’infrastructures durables, et l’amélioration du quotidien de milliers de jeunes talents sans encadrement. La « diplomatie du prestige » ne remplacera jamais une politique publique de développement sportif cohérente et inclusive.
En fin de compte, ce contrat avec Monaco ressemble plus à une opération d’image qu’à une stratégie réfléchie. Un drapeau sur un maillot ne suffira jamais à redorer l’image d’un pays si, sur le terrain, le peuple continue de jouer sur des terrains boueux, sans équipements ni avenir.
Rédaction : Fact-OGL/📅 Publié le : 18 juin 2025 /📧 Contact : infos@fact-ogl.org
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