
Mukuru est l’un des plus vastes ensembles de bidonvilles situés à environ 7 kilomètres au sud du centre-ville de Nairobi, au Kenya. Composé de plusieurs villages informels tels que Mukuru kwa Njenga, Mukuru kwa Reuben, Viwandani, Mariguini, Fuata Nyayo et Kayaba, ce quartier s’est développé sur des terrains initialement laissés en friche ou utilisés pour des activités industrielles.

De bidonville à la grande cité


À l’origine, dans les années 1950 et 1960, Mukuru était une zone peu peuplée, occupée principalement par des ouvriers des usines voisines. Avec l’urbanisation rapide et la croissance démographique de Nairobi, de nombreuses familles venues des zones rurales ont construit des habitations précaires en tôle ondulée et matériaux de récupération, donnant naissance à un bidonville densément peuplé.
Le développement informel de Mukuru a longtemps été marqué par des problèmes majeurs : insécurité foncière, menaces d’expulsion, absence d’infrastructures de base, insalubrité, pollution, et risques sanitaires. Les habitants vivent souvent dans des logements surpeuplés, avec un accès limité à l’eau potable, à l’électricité et aux installations sanitaires. Les incendies et la pollution due aux déchets non traités sont des menaces récurrentes.

Face à ces défis, le gouvernement kenyan a déclaré en 2017 Mukuru « Zone spéciale de planification » (Special Planning Area – SPA), une mesure visant à régulariser et transformer le quartier. Ce statut permet d’élaborer un plan de développement intégré, avec la participation des habitants, pour améliorer les infrastructures et les conditions de vie. Des projets d’assainissement, de construction de logements abordables (15 000 unités prévues sur 55 acres), de réseaux d’eau et d’égouts sont en cours ou en projet.
Par ailleurs, des organisations communautaires comme Muungano Alliance, en collaboration avec des ONG et des acteurs religieux, jouent un rôle clé dans la mobilisation des résidents et la défense de leurs droits fonciers. Ces efforts ont permis d’empêcher des expulsions massives et d’engager un dialogue avec les autorités.
Aujourd’hui, Mukuru est en pleine transformation. Ce qui était autrefois un vaste bidonville informel tend à devenir une cité organisée, avec des infrastructures modernes et une meilleure qualité de vie pour ses habitants. Ce processus reste complexe et nécessite une coopération continue entre le gouvernement, les communautés locales et les partenaires au développement. Cette évolution illustre les enjeux et les espoirs liés à la régularisation des quartiers informels dans les grandes villes africaines, où des millions de personnes vivent encore dans des conditions précaires. Mukuru est un exemple emblématique de la volonté de changement et de résilience des populations urbaines face aux défis de l’urbanisation rapide
Rédaction OGL