
ARUSHA, Tanzanie — La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) rendra sa décision sur la compétence et la recevabilité de l’affaire opposant la République démocratique du Congo (RDC) au Rwanda le 26 juin 2025, à 10 heures (heure d’Arusha), a-t-elle annoncé dans une correspondance adressée aux deux parties.

Cette étape décisive intervient après plusieurs mois d’échanges juridiques dans un dossier sensible : Kinshasa accuse Kigali d’agressions, de pillages de ressources et de crimes de masse commis sur son territoire depuis plus de trois décennies.
L’affaire avait été mise en délibéré en février dernier, après deux jours d’audiences publiques tenues les 12 et 13 février 2025 au siège de la Cour, à Arusha (Tanzanie). À l’issue des débats, la CADHP avait donné un délai de huit jours aux deux États pour déposer leurs conclusions écrites, comprenant leurs notes de plaidoiries et toutes pièces jugées pertinentes.
Rwanda : une requête jugée prématurée
Lors de ces audiences, la défense rwandaise a contesté la compétence de la Cour à se prononcer sur cette affaire, jugeant la démarche congolaise prématurée. Les avocats de Kigali ont soutenu que la RDC n’avait pas épuisé les voies de recours prévues par d’autres instances régionales et internationales, notamment la Cour de justice de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), saisie d’un dossier similaire.
Ils ont également remis en cause la solidité des preuves présentées par la partie congolaise, estimant que celles-ci reposaient largement sur des informations relayées par les médias. Kigali a donc demandé à la CADHP de suspendre la procédure en attendant le verdict de l’EAC.
RDC : un enjeu d’image pour la Cour
De son côté, la RDC a bâti son argumentaire sur les nombreuses violations présumées des droits humains commises par les forces rwandaises sur son sol, notamment dans l’Est du pays. Ses avocats ont rappelé que la Cour devait éviter de donner l’image d’une institution se déclarant incompétente face à des accusations graves et répétées. Pour appuyer sa démarche, Kinshasa était accompagnée de militants des droits humains venus témoigner des exactions subies par les populations congolaises.
Contrairement à la procédure en cours devant la Cour de justice de l’EAC, centrée sur des différends régionaux ponctuels, cette affaire devant la CADHP se veut une reconnaissance plus large des responsabilités historiques dans les conflits à l’Est de la RDC : exploitation illégale des ressources naturelles, violences sexuelles à grande échelle, massacres de civils…
Une décision très attendue
Le 26 juin 2025, la Cour dira donc si elle accepte d’examiner le fond de cette affaire hautement politique et juridique. Une décision très attendue dans la région des Grands Lacs, où le contentieux entre la RDC et le Rwanda reste l’un des plus lourds de conséquences humaines et diplomatiques.
Par EKANGA Raymond/ 20 juin 2025/📩 Contact : infos@fact-ogl.org