
Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) représentent une problématique de santé publique dans la ville de Goma, à l’est de la RDC. Bien qu’il soit complexe et difficile d’obtenir des statistiques spécifiques dans cette zone en raison du contexte sociopolitique, l’hôpital provincial du Nord-Kivu évoque une situation préoccupante.
Notre rencontre avec un spécialiste en médecine interne
« La situation des AVC à Goma est préoccupante et demande une approche holistique, combinant prévention, amélioration des soins aigus et suivi à long terme, tout en renforçant un système de santé déjà fragilisé par de nombreux défis, notamment l’insécurité, l’alimentation, le stress… », précise le docteur Bakili Amigo, médecin spécialiste en médecine interne à l’hôpital provincial de Goma.
« Nous sommes flattés du fait que vous apportiez une thématique aujourd’hui qui pose un sérieux problème à l’hôpital : les AVC. Les AVC, c’est une neuro-lésion. Il s’agit d’une atteinte du cerveau qui empêche l’arrivée du sang dans certaines parties du cerveau, avec pour conséquence possible une mort prématurée. »
Une couverture santé universelle pour prémunir des vies
La couverture santé universelle joue un rôle crucial dans la prévention des AVC en garantissant l’accès aux services de santé essentiels pour tous, sans que cela n’entraîne de difficultés financières.
Pour le docteur Bakili Amigo, l’hôpital provincial du Nord-Kivu et certaines structures sanitaires font la promotion de la prévention primaire en sensibilisant la population sur les facteurs de risque des AVC, notamment : l’hypertension, le diabète, le tabagisme, la sédentarité, une alimentation déséquilibrée, et l’importance d’un mode de vie sain.
« L’hôpital garantit des consultations régulières avec des professionnels de santé pour un suivi approprié des maladies chroniques, l’ajustement des traitements et la détection précoce de tout signe d’aggravation », ajoute-t-il.
La couverture santé universelle reste un pilier essentiel pour la prévention des AVC, en rendant les services de santé accessibles à tous : de la promotion de la santé à la prise en charge des maladies chroniques et des urgences. Elle contribue à réduire l’incidence et la gravité de cette affection dévastatrice.
Les AVC en période de guerre : une double urgence
Les AVC représentent une urgence médicale grave à tout moment, mais leur impact est considérablement accentué en période de guerre, fait savoir ce spécialiste rencontré par Fact-OGL.
« Les conflits armés créent un environnement propice à l’augmentation de leur incidence et compliquent drastiquement leur prise en charge, transformant cette affection en une double tragédie pour les populations touchées », dit-il.
Facteurs de risques accrus
Plusieurs facteurs liés au contexte de guerre contribuent à une augmentation du risque d’AVC. Ces lésions cérébrales sont exacerbées par une violence psychologique intense : violence constante, peur, deuil et incertitude génèrent un stress chronique et aigu. Ce stress peut entraîner une élévation de la tension artérielle, des arythmies cardiaques ainsi que des troubles de la coagulation sanguine – tous des facteurs de risque des AVC.
Obstacles à la prise en charge
Lorsqu’un AVC survient, les chances de survie et de récupération sont fortement compromises en temps de guerre. Les infrastructures médicales sont souvent détruites, surchargées ou inaccessibles à cause des combats. Le diagnostic rapide d’un AVC devient crucial dans ces zones de conflit, or les scanners cérébraux sont rarement disponibles, ce qui retarde ou empêche les interventions vitales.
Les AVC en temps de guerre ne sont pas seulement une question de santé publique, mais une véritable crise humanitaire. Les survivants sont souvent lourdement handicapés, incapables de participer aux efforts de reconstruction ou même de subvenir à leurs besoins fondamentaux.
L’apport de l’hôpital pour la population de Goma en période de conflit
D’ici le 4 août, des séances de dépistage gratuites et régulières seront offertes à la population par le biais de l’hôpital provincial, martèle ce spécialiste de santé.
« Les conflits armés créent un cercle vicieux où la guerre augmente les risques d’AVC, et où la survenue d’un AVC aggrave la détresse et la vulnérabilité des populations déjà confrontées à des souffrances indicibles. Une paix durable est la meilleure prévention contre cette calamité. Des efforts humanitaires concertés sont essentiels pour atténuer l’impact dévastateur des AVC dans ces contextes tragiques », explique le Dr Bakili Amigo.
Conseil du médecin
La bonne nouvelle est que la plupart des AVC peuvent être prévenus en agissant sur les facteurs de risque modifiables :
- Contrôler sa tension artérielle
- Gérer le diabète
- Adopter une alimentation saine et équilibrée
- Pratiquer une activité physique régulière
- Modérer la consommation d’alcool et de tabac
- Maintenir un poids santé et gérer son stress
« Il est important que des campagnes de sensibilisation soient menées dans cette région pour éduquer la population sur les AVC. L’information et la rapidité d’action sont les meilleures armes contre cette maladie dévastatrice », conclut le docteur Bakili Amigo.
Awa Jean de Dieu