1 minute 5 heures

Le 17 mai 1997Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL), dirigées par Laurent-Désiré Kabila, entrent dans la capitale Kinshasa sans grande résistance. Le maréchal Mobutu Sese Seko, au pouvoir depuis 32 ans, est contraint à l’exil. Cet événement met fin à l’ère du Zaïre et ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire du Congo, marqué par la promesse de renouveau politique mais aussi de nouveaux défis régionaux.

Un climat de crise profonde

À la veille de sa chute, le régime de Mobutu est affaibli par des décennies de corruption systémique, autoritarisme, pillages économiques et crises sociales. Le pays, rebaptisé Zaïre sous Mobutu, sombre dans une quasi-banqueroute : les infrastructures s’effondrent, les salaires ne sont plus payés, et l’armée devient indisciplinée. La fin de la guerre froide prive Mobutu du soutien stratégique de l’Occident, en particulier des États-Unis et de la France, qui voyaient en lui un rempart contre le communisme en Afrique.

Naissance de l’AFDL et guerre de libération

Profitant de la rébellion des Tutsis banyamulenge dans le Kivu en 1996, le Rwanda et l’Ouganda, désireux de neutraliser les milices génocidaires hutu réfugiées à l’est du Zaïre, apportent leur soutien militaire à une nouvelle coalition rebelle : l’AFDL. Dirigée par Laurent-Désiré Kabila, figure révolutionnaire et marxiste de l’époque de Lumumba, cette alliance militaire progresse rapidement, capturant ville après ville jusqu’à la capitale.

Le rôle crucial du général Donatien Mahele

À Kinshasa, alors que le pouvoir mobutiste s’effondre, le général Donatien Mahele Lieko Bokungu tente une ultime médiation. Connu pour son intégrité, il cherche à négocier une transition pacifique avec les rebelles pour éviter un bain de sang. Mais le 16 mai, il est assassiné par des soldats loyalistes accusant sa loyauté à la cause adverse. Sa mort suscite une vive émotion dans la population.

La fuite de Mobutu et la prise de Kinshasa

Le 16 mai, Mobutu quitte Kinshasa en catastrophe pour sa ville natale de Gbadolite, puis prend la route de l’exil vers le Maroc. Le 17 mai, les troupes de Kabila entrent triomphalement dans Kinshasa. Le Zaïre devient la République démocratique du Congo et un nouvel ordre politique commence à s’établir.

Réactions régionales et internationales

Les grandes puissances, bien qu’initialement prudentes, saluent la chute de Mobutu. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, appelle à la paix et à la reconstruction. Le président sud-africain Nelson Mandela offre sa médiation pour stabiliser le pays. Le Maroc, la Libye, l’Ouganda, le Rwanda et le Zimbabwe reconnaissent rapidement le nouveau gouvernement.

Les espoirs et les désillusions

À son arrivée au pouvoir, Laurent-Désiré Kabila promet de restaurer l’autorité de l’État, de lutter contre la corruption et de refonder la nation. Il dissout les institutions de la transition, interdit les partis politiques et concentre les pouvoirs exécutifs. Très vite, ces décisions suscitent des inquiétudes quant à la trajectoire démocratique du nouveau régime.

En 1998, un nouveau conflit éclate : la Deuxième Guerre du Congo, impliquant jusqu’à 9 pays africains, fait plusieurs millions de morts et montre que le conflit zaïro-congolais dépasse les simples dynamiques internes.

Héritage historique du 17 mai

Le 17 mai reste une date profondément symbolique pour la RDC. Elle est commémorée comme la Journée des Forces armées, en hommage aux militaires qui ont libéré le pays du joug mobutiste. Pour beaucoup, cette journée évoque l’espoir de renouveau, mais aussi les limites et contradictions du régime Kabila père.

Laurent-Désiré Kabila sera lui-même assassiné en janvier 2001, remplacé par son fils Joseph Kabila, qui prendra la tête d’un processus de paix et d’élections historiques en 2006.

Conclusion

Le 17 mai 1997 représente plus qu’un simple changement de régime : il incarne un moment de rupture entre deux époques. Entre les promesses non tenues, les conflits persistants et l’engagement citoyen en faveur de la paix, cette date reste gravée dans la mémoire collective du peuple congolais comme le début d’une longue marche vers la démocratie et la souveraineté nationale.

Partager cet article sur :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *