

Le samedi 7 juin, le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi a pris part à la 26ᵉ session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), organisée à Sipopo, sur l’île de Bioko en Guinée équatoriale. Ce sommet s’est tenu sous le thème : « Consolider les réformes de la CEEAC pour renforcer l’intégration régionale et bâtir une destinée commune en Afrique centrale ».
Les dirigeants de la région ont examiné plusieurs dossiers clés, parmi lesquels la persistance de l’insécurité dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la présidence tournante de l’organisation, ainsi que le renouvellement de la Commission exécutive.
Concernant la situation sécuritaire dans l’Est congolais, les chefs d’État ont reconnu l’ingérence militaire du Rwanda sur le territoire congolais et ont exigé le retrait immédiat des Forces de défense rwandaises (RDF). Ils ont qualifié cette présence d’atteinte à la souveraineté nationale de la RDC, selon un communiqué de la présidence congolaise.
Sur le plan institutionnel, la conférence a décidé de prolonger provisoirement la présidence de la Guinée équatoriale à la tête de la CEEAC. Le Rwanda a été écarté de la rotation habituelle de la présidence jusqu’à la résolution de son différend avec Kinshasa. Par ailleurs, un délai de trois mois a été fixé pour nommer une nouvelle équipe dirigeante au sein de la Commission de la CEEAC.

En réaction, le Rwanda a annoncé son retrait de l’organisation, dénonçant une marginalisation orchestrée selon lui par la RDC avec la complicité d’autres États membres. Dans un communiqué officiel, Kigali a accusé la CEEAC de violer l’article 6 de son traité fondateur en lui refusant l’accès à la présidence tournante. Le gouvernement rwandais y voit une dérive institutionnelle et un mépris des règles établies.
Cette décision fait écho à une plainte formulée en mars 2023 par Kigali auprès de l’Union africaine, à la suite de son exclusion d’un sommet organisé à Kinshasa. Le Rwanda avait alors déploré le silence de l’organisation face à cette exclusion, y voyant une nouvelle preuve du dysfonctionnement de la CEEAC.
Ce retrait intervient dans un climat diplomatique tendu, accentué par les critiques récurrentes de la CEEAC à l’encontre du M23, un groupe rebelle actif dans le Nord-Kivu et que l’organisation accuse d’être soutenu par Kigali. En février dernier, la CEEAC avait déjà appelé au retrait des troupes rwandaises de la RDC, tout en réaffirmant son appui aux initiatives de paix des processus de Luanda et de Nairobi.
— Guershom Kasereka