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Goma, RDC – Tandis que les tensions sécuritaires entre Kinshasa et Kigali persistent, Corneille Nangaa, figure controversée et coordonnateur autoproclamé de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) – souvent associée au mouvement M23 –, tente de se positionner comme un artisan de paix dans l’Est de la RDC. Son implication dans l’organisation d’activités sportives, dont le tournoi de la paix récemment tenu à Goma, suscite à la fois curiosité et scepticisme.

Entre politique, insécurité et ballon rond

Les affrontements armés dans le Nord-Kivu, marqués par l’activisme du M23, ont entraîné des déplacements massifs des populations rurales et désorganisé la vie sociale, y compris les activités sportives. Malgré ce contexte, Corneille Nangaa se montre optimiste. Il a soutenu l’organisation du Tournoi Amani, un événement sportif présenté comme un geste symbolique pour la paix.

« Le peuple de Goma peut encore sourire, même dans l’adversité », ont déclaré les organisateurs lors de la finale qui a opposé Kabasha FC à Goma Sport. Dans une ambiance survoltée, Kabasha s’est imposée aux tirs au but, dans un match à fort enjeu social et communautaire.

Un tournoi au message politique

En blanc, le gouverneur du Nord-Kivu, Erasto Bahati, et le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka

Selon les autorités provinciales, ce tournoi est loin d’être un simple événement sportif. Il s’agit, selon le gouverneur du Nord-Kivu, Erasto Lituma, d’une étape vers la réconciliation. Il a annoncé que les éditions à venir incluront des équipes issues de zones actuellement sous occupation armée. « Bukavu, le littoral, les territoires environnants… tous participeront aux prochaines éditions », a-t-il précisé.

Nangaa, pacificateur ou stratégie d’image ?

Pour certains, ce tournoi est une opération de communication de l’AFC/M23. D’autres y voient une tentative sincère de renouer les liens sociaux déchirés par les conflits. Corneille Nangaa, en honorant les équipes locales comme Kabasha FC, qui a déjà porté haut les couleurs du Nord-Kivu dans la sous-région, semble vouloir associer son nom à une nouvelle dynamique de leadership communautaire.

Mais la question reste entière : Corneille Nangaa peut-il inspirer confiance comme artisan de paix, alors qu’il est lui-même au cœur d’un conflit politique et militaire non résolu ? La réponse dépendra non pas des discours, mais des actes à venir sur le terrain, tant diplomatique que sécuritaire.

🖊️ Par Awa jean de Dieu | 16 juin 2025 | ✉️ infos@fact-ogl.org

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