Pajule (District de Pader), 22 octobre 2025 — Le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni, au pouvoir depuis 1986, continue d’arpenter les routes de son pays pour défendre le bilan du National Resistance Movement (NRM) et préparer une nouvelle candidature. À 81 ans, le chef de l’État semble décidé à briguer un autre mandat, à l’image de son homologue camerounais Paul Biya, malgré les appels à l’alternance

Une campagne qui s’appuie sur le bilan économique du NRM

S’exprimant à Pajule, dans le nord du pays, Museveni a rappelé les « gains » du NRM et sa vision pour la prochaine législature, s’il est « de nouveau investi de la confiance du peuple ».> « Cherchez d’abord à améliorer vos revenus domestiques, le reste vous sera ajouté », a-t-il déclaré, soulignant que les routes, l’électricité et les infrastructures ne suffisent pas à éradiquer la pauvreté sans l’augmentation des revenus des ménages.Le président ougandais a défendu sa stratégie de développement axée sur la production agricole, la transformation industrielle et la création de valeur ajoutée. Selon lui, la clé de la lutte contre la pauvreté réside dans « l’autonomie des foyers » plutôt que dans les grands projets d’infrastructure.

Un discours de continuité et de priorité

Devant une foule vêtue des couleurs du parti, Museveni a insisté sur la nécessité de « fixer des priorités nationales » face à ceux qui, selon lui, veulent « tout entreprendre à la fois et n’accomplissent que peu ».
Il a aussi évoqué la situation des Balaalo, anciens éleveurs nomades accusés de conflits avec les communautés locales. Le président a salué leurs progrès récents dans l’élevage et la production laitière, un signe, dit-il, du succès des politiques agricoles du NRM.

Mais derrière cette rhétorique de progrès, la scène politique ougandaise reste dominée par une question centrale : Museveni prépare-t-il activement sa succession ou son maintien ?

La question de la succession toujours en suspens

L’âge avancé du président et la longévité de son règne suscitent des interrogations au sein de la société civile et de l’opposition. Bien que la Constitution ait été modifiée en 2017 pour supprimer la limite d’âge présidentiel, de nombreux Ougandais s’interrogent sur la capacité du chef de l’État à poursuivre un mandat supplémentaire.

Les partisans du NRM, eux, défendent la stabilité et la continuité d’un leadership expérimenté, arguant que Museveni reste un garant de la sécurité nationale dans une région encore marquée par les tensions politiques.

Vers un scénario « à la Paul Biya » ?

À l’instar du président camerounais Paul Biya, âgé de 92 ans et toujours en fonction après plus de quatre décennies au pouvoir, Museveni semble vouloir inscrire son nom dans la liste des dirigeants africains à la longévité politique exceptionnelle.
Mais cette persistance au pouvoir risque aussi d’alimenter les critiques sur le déficit démocratique en Afrique centrale et orientale, où les transitions pacifiques demeurent rares.

Par la rédaction de Fact-OGL

Kampala – Goma, octobre 2025